L'alimentation pour moi et mon bébé pendant et après la grossesse

Regina Graf, le dicton populaire selon lequel une femme enceinte doit manger "pour deux" est sans doute dépassé ?

Oui, dans la mesure où les besoins énergétiques ne sont légèrement plus élevés qu'au quatrième mois de la grossesse et augmentent encore légèrement à partir du septième mois.ce qui est déterminant, ce n'est pas la quantité d'aliments - qui peut entraîner une augmentation indésirable du poids - mais la qualité, à savoir un apport suffisant en micronutriments. Il s'agit ici principalement d'acide folique, de fer, d'iode et d'acides gras oméga-3.

Il est bien connu qu'une femme enceinte ne doit pas fumer, mais quels sont les aliments et les boissons qu'elle doit également s'interdire pour protéger son enfant à naître ?

Les drogues et l'alcool devraient bien entendu être interdits. Les aliments crus d'origine animale comme la viande, le poisson, les œufs ou les produits laitiers peuvent également rendre malade et déclencher des maladies infectieuses comme la toxoplasmose et la listériose. C'est pourquoi ces aliments doivent être consommés bien cuits.

Les produits laitiers sont pourtant des aliments précieux ?

Bien sûr, mais le lait cru présente un risque. Le lait chauffé ou pasteurisé ne présente aucun risque.

L'envie d'aliments acides ou sucrés est-elle un phénomène relativement normal pendant la grossesse ?

De telles attaques se déroulent de manière très individuelle. Il arrive parfois qu'un changement soudain de goût se produise, de sorte qu'une femme qui préférait les aliments sucrés ait soudain envie de sucreries - ou inversement. La situation hormonale déclenchée par la grossesse entraîne divers changements, notamment au niveau de l'odorat et du goût. D'ailleurs, le corps réagit souvent par une "envie" intense de quelque chose en particulier lorsqu'il y a une carence.

Quelles sont les directives alimentaires à respecter, surtout au début de la grossesse ?

Un sujet connu depuis longtemps et toujours d'actualité est l'anomalie du tube neural, qui peut entraîner un mauvais développement de l'embryon au début de la grossesse. Il est donc recommandé aux femmes qui souhaitent avoir un enfant de prendre des préparations d'acide folique au moins quatre semaines avant le début de la grossesse - et certainement jusqu'à la douzième semaine de grossesse. Au cours des premières semaines de grossesse, il se passe des choses décisives dans le domaine de la division cellulaire, des prédispositions de l'enfant se forment. Par ailleurs, il est conseillé de doubler la dose d'acide folique habituelle chez les adultes pendant la grossesse. Je pense qu'en cas de désir d'enfant, il faudrait également vérifier très tôt si le corps présente des symptômes de carence.

Que pensez-vous des compléments alimentaires qui sont censés être bénéfiques pour la future mère et donc aussi pour son enfant ?

Si la mère a une alimentation super équilibrée et que l'apport en micronutriments est optimal, c'est le meilleur bénéfice pour l'enfant. L'organisme de l'enfant a toutefois des besoins énergétiques relativement importants et puise donc aussi dans une certaine mesure dans les réserves de la mère. Les compléments alimentaires pour femmes enceintes sont donc certainement utiles pour de nombreuses femmes et offrent une bonne base pour la mère et l'enfant.

Quelles sont les lignes directrices alimentaires importantes pour la femme qui allaite ?

En principe, les mêmes lignes directrices s'appliquent que pendant la grossesse. Par rapport à la grossesse, les besoins en protéines augmentent légèrement pendant la phase d'allaitement et les besoins énergétiques augmentent d'environ cinq cents calories par jour afin de stimuler la production de lait maternel. L'apport énergétique ne doit toutefois pas être simplement couvert par des glucides ou des sucreries, mais surtout par des protéines, par exemple une petite tranche de pain avec un peu de fromage ou un œuf au petit déjeuner. Pendant la période d'allaitement, il faut également veiller à un apport suffisant en liquide. Il est conseillé de boire deux à trois litres par jour. Une quantité encore plus importante n'est pas recommandée, car elle aurait une influence négative sur la production de lait. On trouve des tisanes d'allaitement spéciales dans les pharmacies. Il est toutefois déconseillé de consommer régulièrement ou de manière excessive des tisanes de menthe ou de sauge. Ces plantes, tout comme le persil d'ailleurs, sont des inhibiteurs de l'allaitement.

Il n'est pas rare que les femmes traversent une phase dépressive après l'accouchement. L'alimentation permet-elle de lutter contre le baby blues ?

Là encore, le changement hormonal joue un rôle décisif. Il est certainement utile que le corps soit approvisionné en tous les nutriments importants. Veillez à ce que votre menu soit saisonnier et varié, avec des légumes, des fruits, des produits laitiers, des œufs, des glucides et, de temps en temps, de la viande et du poisson. Il est également important de stocker et de préparer les aliments avec soin. Vous pouvez en outre agrémenter vos plats d'herbes fraîches, de graines et de pépins pour leur donner du goût et les rendre plus sains.

Je pense qu'il est essentiel que les femmes concernées sachent que les changements hormonaux peuvent avoir une influence sur leur état d'esprit et qu'elles ne doivent pas se sentir coupables si leur humeur est loin d'être au beau fixe. Les mères ont souvent le sentiment de devoir toujours fonctionner à la perfection. Mais elles peuvent tout à fait se faire du bien de temps en temps, se faire plaisir et accepter de l'aide.

L'article original est paru dans le journal des pharmaciens astrea 9/2019.